vendredi, août 02, 2002

Oruro, Bolivie

Sur Oruro et Cochabamba

Je vous avais parlé du groupe Los Kjarkas que je devais aller voir à Cochabamba. Mais j'avais sans doute mal transcrites les diverses coordonnées, car, a Cochabamba, personne n'avait entendu parler de ce spectacle. Grande déception ! Mais je me suis repris, hier soir, ici, a Oruro. L'université offrait, en effet, un spectacle de musique bolivienne dans le cadre de ses journées culturelles d'hiver. Deux groupes y étaient présentés : en premiere partie, un groupe de six femmes, Brisa, et en seconde partie, un groupe de huit hommes, Raymi, ce qui signifie en langage Quechua, "Fiesta". Et ce fut toute une fete : trois heures de musique vivante et entrainante. J'en suis sorti la tete pleine de musique et de rythmes, et le corps encore tout vibrant.

Oruro, c'est la seule ville importante de l'Altiplano bolivien du sud. Elle compte plus de 250 000 habitants et esr située a plus de 3700 metres d'altitude. Elle se démarque de Cochabamba, par sa situation géographique originale : d'un coté, la plaine a perte de vue, et de l'autre, une chaine de collines contenant le minerai qui a fait d'Oruruo, a une certaine époque, la ville miniere bolovienne la plus reconnue internationalement, avec Potosi, plus au sud. Il n'en reste aujourd'hui qu'un musée pour en rappeler la grandeur. Et face á l'église qui contient l'ancienne entrée de la mine, une place publique recoit, chaque année lors du carnaval, divers groupes boliviens de danses folkloriques avec costumes et masques originaux et colorés.

Ce qui frappe le plus, ici, c'est la présence tres marquée des jeunes : le midi, vers 12h00, et le soir, vers 15h30, apres la fin des classes, les rues du centre-ville sont envahies par des hordes de jeunes de tous les ages scolaires, chaque groupe scolaire se reconnaissant a son costume. Il n'y a surement pas, ici, de probleme de renouvellement de la population ! Et toute la soirée, ils déambulent principalement sur la rue Bolivar, une des principales rues de la ville qui rencontre a la fois le parc central, et, plus bas, le marché tout aussi vivant le soir que le jour.

A Cochabamba, c'était différent : c'était dans l'un des nombreux bars de la ville que les jeunes d'age du cegep se rencontraient pour boire un jus, manger un peu et jouer aux cartes, aux dames ou aux échecs tout en écoutant de la musique internationale. On se serait cru a l'Envol si ce n'avait été de la couleur plus foncée de leur peau.

Hier, a Oruro, des groupes de mineurs et leurs femmes ont marche dans la ville, en criant divers slogans politiques, pour manifester leur insatisfaction face au non versement de leurs rentes, puis, les femmes se sont assises par terre a differents carrefours de facon a bloquer le traffic. Ici, en Bolivie, la vie politique doit compter avec ces manifestations et marches, le plus souvent pacifiques. Les organisations de travailleurs semblent tres vivantes et dynamiques.

Un autre exemple : il y a trois jours, dans le parc central de Cochabamba, on avait erige des murs sur lesquels on avait placarde les premieres pages des journaux agrementes de caricatures et de commentaires politiques. C'était en rapport avec un projet de politique du gaz Bolivie-Chili-Pérou qui doit être entériné par le nouveau gouvernement qui entrait en fonction aujourd'hui. Alors les gens ont décidé de manifester leurs opinions pour faire pression. Et ça discutait fort dans le parc : une véritable agora à la grecque ancienne.

Et si l'on se fie à la vigueur de ces échanges, il risque d'y avoir de l'action dans les prochaines semaines.

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