mercredi, octobre 30, 2002

Puerto Ayora, Galapagos, Équateur

Huit jours magiques aux Galapagos

Un conseil :
pour mieux visualiser les diverses espèces animales dont je parlerai, et en savoir davantage sur elles, vous pouvez consulter le site des Îles Galapagos que vous trouverez dans les favoris de photos.

24 octobre : Du chaos surgit enfin l'ordre !

Une seule chose est certaine : ce matin, je serai aux Galapagos. Pour le reste, c'est l'inconnu total. Je prends l'avion à 9h15 de Guayaquil. Arrivée sur l'Ile de Baltra : 10h45 ou 11h45, heure des Galapagos.

Dans l'avion, je suis assis à côté d'un couple de parisiens d'une trentaine d'années et tous deux médecins, Sandrine et Stéphane. La conversation nous fait découvrir qu'ils ont pris le même tour que l'agence de voyages Galasam m'avait proposé à Guayaquil. Mais, eux, ils ont payé 75 $US de moins pour une croisière de 8 jours/7 nuits, soit autour de 550$US au lieu de la proposition de 625$US qu'on m'avait faite et que j'ai refusée, préférant me rendre à Puerto Ayora et négocier sur place. Ce nouveau prix me donne un autre point de référence pour la négo à venir.

Arrivés à l'aéroport, après avoir payé notre 100$US de droit d'entrée dans le Parc, je me rends avec eux voir le guide de leur groupe : il y a deux places de disponibles sur leur bateau, l'Antartida, un bateau, classe/touriste, avec cabine à occupation double, salle de bains et douche privées, et un guide niveau II, donc parlant espagnol et anglais. Une jeune irlandaise et moi, nous nous montrons tous deux intéressés, du moins à négocier. Le guide nous dit alors de le suivre aux bureaux de l'agence à Puerto Ayora, ce qui nous permettra de sauver les quelques dollars que coûte le trajet de l'aéroport a Puerto Ayora (traversier et bus).

En chemin, on s'entend, l'Irlandaise et moi, pour commencer la négo à 450$US pour cette croisière de 8 jours. Mais, dans ma tête, si on réussit à avoir un prix autour de 500$US, je crois bien que je vais l'accepter. Elle, elle ne sait pas trop, car elle n'a pas encore eu le temps de tout analyser : elle voulait faire cela à Puerto Ayora.

Mais tout se bouscule : il faut penser vite. Et moi qui n'ai averti personne, pensant prendre un ou deux jours pour négocier et trouver un tour à un coût convenable. Vais-je avoir le temps d'envoyer un message Internet ? Et les guichets automatiques pour avoir l'argent, car il faut payer comptant, où sont-ils ?

Aux bureaux de l'agence, retour à la case départ : il n'y a plus de place sur l'Antartida. Mais on nous offre un autre bateau du type "voilier" pour une croisière de 8 jours/7 nuits avec départ le lendemain soir et un itinéraire semblable a l'Antartida : 525$US. Très intéressant comme proposition, mais je me dis que j'ai le temps d'aller voir d'autres agences, quitte à revenir un peu plus tard dans l'après-midi pour réserver.

Je pars donc me chercher une chambre d'hôtel et y prendre une bonne douche, car ici, c'est plutôt chaud. Puis, après un petit somme d'une demi-heure, je commence ma visite des agences de voyages tout en repérant les cafés Internet et les guichets automatiques. Plutôt décevant : ou les bateaux affichent complets, ou, s'il y a des places de disponibles, ce sont des places à plus de 600$US. Et la proposition intéressante de 525$US devient de plus en plus alléchante. Je décide donc d'aller réserver cette croisière.

Quand j'arrive à l'agence, on me fait deux propositions : ou bien celle sur le voilier à 525$US, ou bien 6 jours/6 nuits sur l'Antartida à 420$US, car il reste une place de disponible, avec départ, ce soir, à 20h00. Mon choix est vite fait : oui à l'Antartida, surtout que je connais déjà deux des 9 autres membres du groupe. Et, de plus, je sauve 200$US...C'est le prix de la croisière de 5 jours/4 nuits qu'on m'avait fait à Guayaquil, avec en plus de la visite des Îles du Centre des Galapagos, une visite des Îles du sud, Espanola et Floreana. En fait, presque toutes les îles que j'avais en tête de faire à partir de mes lectures sur les Galapagos. Une fois les formalités remplies, le vendeur de l'agence m'offre le souper sur le bateau avec le groupe : départ à 18h00, donc dans une heure !!!

Alors course folle : retrait d'argent au guichet automatique, retour à l'hôtel pour négocier mon départ sans avoir à payer, mais avec promesse de revenir le mercredi soir suivant (négo réussie !), envoi d'un message Internet à la famille et aux amis et rédaction d'un court blogue. Il me reste à peine 25 minutes pour aller prendre une bonne Pilsener en attendant le départ prévu pour 18h00.

C'est avec un grand "OUF!" de soulagement, que j'embarque dans le canot qui m'amènera à l'Antartida pour rejoindre mes nouveaux compagnons de voyage et faire, au couple francais, la surprise de ma présence.

Mais malheur...j'ai oublié mon sac à dos à l'agence...j'y cours le chercher et reviens à pas rapides...

Un dernier "OUF !" en m'asseyant dans le canot, et me voilà enfin en route pour l'Antartida.

L'ordre et le calme intérieur sont enfin revenus !


du vendredi, 25 octobre, au mercredi, 30 octobre : 6 jours / 6 nuits en croisière sur l'Antartida

Nous sommes dix à faire cette croisière : le couple de francais, un couple d'italiens, deux couples d'australiens dont un sera remplacé par d'autres australiens au troisième jour, un suédois et moi, les deux plus agés du groupe. En plus du guide, Eddy, il faut compter aussi un équipage de cinq personnes : le capitaine et son second, le cuisinier et le serveur aux tables, le conducteur du canot quand nous nous rendons sur les îles. C'est avec tous ces gens que je passerai la semaine qui vient.

Après avoir soupé ensemble, nous redescendons à terre pour y prendre ensemble un dernier verre avant le départ de Puerto Ayora prévu pour 00h00.

JOUR 1 : VENDREDI, LE 25 OCTOBRE

Le trajet Puerto Ayora/Rabida (au nord-ouest de l'Ile Santa Cruz), la première île que nous visiterons, se fait de nuit et dure six heures, donc jusqu'au petit matin. Ça nous donnera l'occasion d'apprivoiser le tangage du bateau. Ça me prend un bon deux heures avant que je puisse fermer les yeux et m'endormir, non sans avoir sursauté quand mon sac de jour, puis mon sac à dos, que j'avais tous deux mis au pied de mon lit, celui du haut, Krister, le suédois, ayant celui du bas, décident d'aller rejoindre le plancher sans aucune discrétion. Je les laisse là : ils ne pourront pas descendre plus bas !

Puis, vers 7h00, c'est notre premier déjeuner à bord.

Il sera suivi de la première balade quotidienne sur l'Île de Rabida. Ce sera un "débarquement mouillé" ou "les pieds dans l'eau". L'autre type de débarquement sera le "débarquement à sec", le plus souvent sur des rochers. Nous embarquons donc dans le petit canot, qui nous amène sur Rabida. Cette île nous mettra en contact avec les otaries, se prélassant sur la plage, les pélicans bruns, l'un des plus grand oiseaux des Galapagos, et les crabes aux coloris vifs, allant du jaune au rouge avec du bleu sur les pattes, et que nous verrons sur plusieurs des autres îles.

Après la balade, baignade et/ou plongée en apnée (snorkeling) pour les intéressés. Comme je suis toujours insécure dans l'eau, je ne serai pas du nombre des plongeurs. C'est bien dommage, car je ne pourrai voir les poissons aux coloris des plus divers, ni les requins, ni les raies, ni les otaries qui tournent autour des plongeurs. Mais il faut savoir reconnaître ses limites : je me contenterai donc d'écouter les plongeurs nous raconter ce qu'ils ont vus et de regarder leurs yeux pétillant de bonheur d'avoir vu...

Puis vient le dîner.

Aussitôt après, pendant que nous faisons la sieste, le bateau lève l'ancre et se dirige vers la petite Île de Sombrero Chino pour y découvrir les iguanes marins noirs. Et l'Antartida continue sa route vers la prochaine escale de nuit : en face de l'Île de Bartolome et de son immense rocher, un paysage féérique. Bartolome accueille une colonie de manchots ou de pingouins des Galapagos, les deuxièmes plus petits au monde après ceux d'Australie. Avant d'aller à leur rencontre, on nous servira une petite collation avec café, thé ou tisane.

Vers 6h30, c'est le souper, suivi d'une explication du programme du lendemain faite par le guide.

Et commence, autour du bateau, la chasse nocturne des pélicans et des otaries, les premiers attrapant les poissons-volants, les seconds, les serpents de mer.

Et la soirée est libre pour la jase autour d'un verre, les jeux de cartes, la préparation de la suite du voyage, ou tout simplement la lecture.

Ce programme du premier jour reflète bien la suite de la croisière. Un rythme très "relax", et pas du tout stressant. Un rythme des plus intéressants !


JOUR 2 : SAMEDI, LE 26 OCTOBRE

Aujourd'hui, les deux balades se feront le matin après déjeuner.

D'abord, la visite de la Baie Sullivan, sur la côte est de l'Île de Santiago. C'est un immense champ de lave noire et rocailleux de près de 40 kilomètres et âgé d'au plus cent ans. Les plantes commencent à peine à s'y frayer un chemin : la première plante connue des îles, dont le nom m'échappe, et des cactus encore tout jeunes. Et sur ces rochers noirs, les jolies taches jaune orange et rouges des crabes. Ce qui est remarquable, dans cette vaste coulée de lave, ce sont les stries ou diverses sortes de rides qui se sont formées au refroidissement de la lave. De toute beauté !

Puis nous traversons en face sur l'Île de Bartolome pour y grimper au sommet du cône volcanique par un escalier de 370 marches. Au débarquement, nous sommes accueillis par deux otaries dont l'un plutôt mal en point, blessé sans doute par un requin. La vue du sommet nous offre un de ces paysage fabuleux des îles tout autour, et même de celles plus éloignées, du Pinnacle Rock tout en bas avec ses deux plages jumelles de sable blond. C'est sur l'une d'elles que nous irons nous baigner, l'autre nous permettant de voir dans l'eau, tout près du rivage, un manchot des Galapagos filant à une vitesse vertigineuse, puis un petit requin, et des pélicans se laissant porter par les légères vagues, et enfin un jeune aigle des Galapagos qui se laissera approcher a quelques pouces a peine.

À la fin de l'après-midi, l'Antartida lève l'ancre et se dirige vers le prochain lieu d'abordage, le canal d'Itabaca, entre l'Île de Baltra et de Santa Cruz, où nous passerons deux nuits : un trajet de deux heures et demie sur une mer plutôt agitée qui en rendra certaines malades.

Nous nous rendrons ensuite sur la Playa Las Bachas, au nord de l'Ile de Santa Cruz, voir une colonie de flamants roses et d'autres iguanes marins noirs.

JOUR 3 : DIMANCHE, LE 27 OCTOBRE

Ce troisième jour est plutôt tranquille, car c'est le départ du couple d'australiens, remplacé par un autre de même nationalité. Pendant que le guide ira les reconduire a l'aéroport et accueillir les nouveaux, on nous amènera sur une plage pour une baignade des plus bienvenues.

C'est sur l'Île de Seymour Nord que nous nous rendrons cet après-midi pour notre balade, une des plus belles de la semaine. Deux espèces d'oiseaux s'y retrouvent : les fous à pattes bleues et les frégates magnifiques qui portent fort bien leur nom.

C'est durant cette balade que nous pourrons nous approcher de très près des mères à pattes bleuesavec leurs petits encore au nid et d'autres tout jeunes encore essayant sans succès de voler en déployant et brassant leurs longues ailes.

Puis des frégates magnifiques au cou gonflé démesurément et d'un rouge éclatant taché de points noirs.

On pourra même y voir un petit otarie né il y a quelques heures à peine, des traces de sang nous montrant le chemin parcouru par la mère lors de la naissance du petit. Et il peut à peine se déplacer pour aller téter sa mère.

Moments magiques !

Puis ce sera la baignade dans les eaux pas trop froides du Pacifique. Et la plongée pour les autres.

Et de nouveau l'escale dans le canal d'Itabaca.

JOUR 4 : LUNDI, LE 28 OCTOBRE

Tôt le matin, l'Antartida lève l'ancre pour se rendre aux Îles de Plazas. Seule l'Île de Plaza Sud est ouverte aux visiteurs, l'autre étant occupée par un centre de recherche scientifique.

Cette île est de toute beauté avec ses figuiers de barbarie , genre de cactus aux fleurs jaune serin, qui donneront la couleur des iguanes terrestres qu'on peut y rencontrer.

De plus, le sol est tapissé d'une plante dont les coloris vont du vert au rouge en passant par le jaune selon le degré de sécheresse du sol qui les nourrit.

On y rencontrera aussi, au haut de la colline, une colonie d'otaries composée uniquement de mâles vaincus lors de la recherche des femelles qui formeront le harem des vainqueurs. C'est donc pour ces mâles le temps du ressourcement, le temps de reprendre des forces pour la prochaine lutte.

Et, sur les rochers escarpés, on peut apercevoir les mouettes des Galapagos et la mouette á queue d'aronde au superbe corps blanc et gris avec une queue fine et allongée et aux yeux cerclés de rouge.

Puis en route pour l'Île de Santa Fe où nous pourrons voir d'autres iguanes terrestres au corps jaune. Le guide donnera a l'une d'entre elles une figue de barbarie, un fruit rond avec épines de la grosseur d'une balle de baseball. Nous assisterons d'abord au nettoyage des épines puis à la dégustation elle-même. Un petit oiseau s'approchera et essaiera de ramasser les quelques minimes morceaux du fruit que l'iguane laissera traîner.

Une montée assez abrupte au sommet de l'île pour avoir une vue de l'ensemble du paysage termine cette visite de l'Île de Santa Fe.

Et, après souper, nous prenons la route pour l'Île d'Espanola, un trajet de six heures sur une mer des plus agitées : plusieurs seront malades. Quant à moi, je m'étends sur ma couchette en regardant les étoiles et je m'endors presqu'aussitôt, bercé par les vagues. Je me réveillerai lorsque le bateau sera arrivé et que les moteurs se seront tus. Mais pour tout de suite me rendormir.

JOUR 5 : MARDI, LE 29 OCTOBRE

Nous serons accueillis sur l'Île d'Espanola, à la Pointe Suarez, par l'oiseau moqueur d'Espanola qui se plaira à nous suivre en marchant à nos côtés.

Deux types de fous sont présents sur cette île : les fous à pattes bleues et les fous masqués. On aura la chance d'y assister à la danse des amours de quelques fous à pattes bleues, avec leur déploiement d'ailes accompagné d'un long sifflement.

Et quelques albatros des Galapagos de tout âge se laisseront approcher, les plus jeunes, avec leurs plumes encore en duvet et tout échevelé, semblant plus timides et craintifs.

Ici, les iguanes marins sont noirs et rouges.

Nous nous transporterons ensuite sur la plage de la Baie de Gardner, une plage déjà envahie par une horde de visiteurs : les otaries. C'est avec eux que nous nous baignerons.On y verra de nouveau une mère avec son petit de quelques heures à peine, le placenta étant encore sur la plage, mais pas pour longtemps : des oiseaux, dont un aigle des Galapagos, viendront s'en nourrir.

Puis, au début de l'après-midi, nous prenons la route de l'Île de Floreana, la dernière île que nous visiterons.

JOUR 6 : MERCREDI, LE 30 OCTOBRE

Sur l'Ile de Floreana, nous rencontrerons une autre colonie de flamants roses et, par chance, une immense tortue marine se prélassant sur la plage : à notre arrivée, elle se glissera lentement dans les eaux et disparaîtra.

Puis nous nous déplacerons vers ce qu'il est convenu d'appeler, le "Bureau de poste" de l'Île de Floreana. C'est une tradition qui remonte à près d'un siècle. Les marins, à cette époque, s'arrêtaient sur l'île, déposaient dans un baril leur courrier et prenaient celui qui serait sur leur trajet afin d'aller le livrer à leurs destinataires. Aujourd'hui, on refait le même scénario : on écrit un message à quelqu'un avec son adresse, en espérant que quelqu'un, un jour, le lira et ira le livrer en mains propres. Puis on regarde s'il n'y aurait pas par hasard un message avec une adresse pas trop loin de chez soi. Malheureusement, le message le plus près était adressé à quelqu'un du nord de l'Ontario. Quant à moi, j'ai adressé un message à ma soeur, mais avec mon adresse, car j'ai perdu ou me suis fait voler, il y a quelques temps déjà, mon agenda électronique qui contenait toutes mes adresses.

Puis c'est le retour à Puerto Ayora pour la visite du centre de recherche Charles Darwin, où l'on peut y voir les tortues terrestres géantes, certaines âgées de plus de 100 ans.

Et nous prenons un dernier repas ensemble avant la séparation.

La magie des Galapagos : des rencontres du "troisieme type" !

Ces six jours de rencontres avec des oiseaux et mammifères marins et terrestres uniques au monde furent des moments de pure magie, surtout grâce à cette possibilité de nous approcher de très près d'eux. Pour les photos, on n'avait pas besoin de zoom. C'est dans ce sens que je parle de rencontres du troisième type : proximité avec l'étranger.

Que ce soit le petit otarie de quelques heures à peine avec sa mère, et le placenta encore tout frais sur le sable de la plage, la danse des amours des fous à pattes bleues, la chasse nocturne des pélicans et des otaries autour du bateau, les mères avec leurs petits encore dans leur nid, mais nous laissant tout de même approcher, ou ces autres jeunes s'exercant à voler, ou encore ces dauphins qui suivent le bateau et qui nous font le plaisir de jaillir hors de l'eau avant d'y retourner dans un mouvement des plus gracieux, tous ces moments magiques ne peuvent que nous faire apprécier et respecter davantage la nature et tous ces êtres qui y habitent.

Aucun commentaire: