lundi, octobre 07, 2002

Trujillo, Pérou

Montagnes, sites archéologiques et Festival du Printemps à Trujillo

Pour me rendre de Huaraz à Trujillo, j'avais le choix entre deux routes, toutes deux très belles selon Loneley Planet : la première longeant en grande partie la côte désertique, la seconde passant par l'intérieur des terres et traversant les montagnes. Bien entendu, j'ai choisi la seconde possibilité.

Vers Trujillo par le Canyon de Pato

Deux traits caractérisent ce trajet de huit heures : des montagnes sauvages, rocheuses et sans végétation, et une rivière qui nous accompagne dans notre traversée vers le Pacifique.

Ça commence par 1h30 de route vers Caraz, ce qui permet de voir à nouveau le sommet du Huascaran, qui, lors de ma première visite, était demeuré caché en grande partie derrière les nuages. Cette fois-ci, il était complètement dégagé...pas mal plus impressionnant avec son immense glacier ! On comprend mieux comment l'avalanche a pu détruire la ville de Yungay sur plusieurs kilomètres.

Puis c'est la traversée du Canyon de Pato durant une bonne heure : un chemin de gravier étroit, avec une multitude de tunnels, longe à mi-pente le canyon. À certains moments, impossible de voir le fond du canyon et la rivière qui s'y prélasse, et il faut lever la tête bien haut pour voir le sommet de la montagne d'en face. Vertigineux ! Et, tout au long du parcours, des chutes viennent alimenter la rivière.

Au bout du canyon, on entre dans une vallée étroite et fertile irriguée par les eaux de la rivière. Mais les montagnes demeurent toujours aussi sauvages et rocheuses.

Puis la dernière étape du voyage qui nous rapproche de la côte et qu'on reconnaît au fin voile qui commence à recouvrir les montagnes au loin. Celles-ci s'adoucissent de plus en plus et se recouvrent peu à peu de sable fin. La rivière se subdivise en plusieurs courants entrecoupés de petites plages de rocs, mais qui seront recouvertes, la saison des pluies venue. La vallée, quant à elle, s'élargit et devient de plus en plus fertile grâce aux canaux d'irrigation aménagés par les paysans : on y retrouve, entre autres, des cultures de riz, de bananes, d'avocats, de yucas (tubercule qui accompagne les viandes ou poissons comme les patates), et une plante dont le nom m'échappe et dont les fleurs orangées sont exportées pour la fabrication de parfums.

Cet oasis sur la côte désertique débouche sur la jolie ville coloniale de Trujillo.

Trujillo : deux nouvelles cultures

Trujillo, c'est l'occasion de découvrir deux nouvelles cultures qui font partie de l'héritage péruvien et qui ont précédé les Incas.

D'abord, la culture Moche de 0-700 ap. J.C. À quelques klomètres à peine de Trujillo, on peut y découvrir deux pyramides, la Huaca del Sol et la Huaca de la Luna. Ce qui retient l'intérêt ici, c'est surtout les superbes fresques et murales en couleur et fort bien conservées. Et c'est par ses décorations aux dessins réalistes que nous provient le peu que nous savons sur cette culture.

De 1000 à 1470 ap. J.C., une autre culture s'est développée plus près de la mer, la culture Chimu. Sa capitale, Chan Chan, s'étend sur environ 28 kms carrés, et a pu contenir jusqu'à 60 000 habitants. Elle est ainsi la plus grande ville pré-colombienne connue du Pérou. On peut y visiter le gigantesque Palais Tschudi avec ses hauts murs, ses places publiques, son étang pour les sacrifices et le cimetière où étaient ensevelis les principaux dirigeants. Ce peuple fut vaincu par les Incas autour des années 1460 ap. J.C.

Ainsi, sur la côte Pacifique, ont vécu, à travers les siècles, plusieurs peuples (au sud de Lima : les Paracas et les Nazcas; au nord, les Moche et les Chimu) qui ont tous laissé leurs marques, mais qu'on commence à peine à découvrir, le Pérou manquant grandement de moyens financiers pour mener à terme les recherches archéologiques sur un aussi grand nombre de sites. C'est pourquoi une grande partie de ces sites est encore sous terre...on ne voit encore que les monticules de terre ou de sable.

Trujillo : Festival International de Primavera (printemps)

Trujillo, c'est aussi une ville coloniale et qui aime fêter. C'est ainsi qu'à partir du 21 septembre, début du printemps sous l'équateur, et pour une durée de deux semaines, se tient ici un festival international avec des reines provenant de la plupart des pays de l'Amérique du Sud, du Mexique et même des USA, des spectacles de toutes sortes (concerts classiques à la cathédrale, concert de jazz par un orchestre formé de policiers, show de rock pour les plus jeunes, etc), et une parade finale avec chars allégoriques et fanfares de jeunes et de plus vieux. C'était hier. Et de 12h30 à 18h00, tout le long de la rue Espana qui encercle le centre de la ville, tous les citoyens de Trujillo étaient massés et assis sur les chaises ou bancs de fortune aménagés et loués par les gens du secteur. Un silence des klaxons avait envahi la ville.

Trujillo, c'est aussi, tout près, à Huanchaco, la possibilité de se lancer dans le Pacifique pour s'y baigner ou y surfer. Et c'est assis à une terrasse ombragée avec, en face de moi, plage, Pacifique, baigneurs et surfers, que j'ai pu digérer mon aventure de ce matin à Trujillo : selon une méthode qui a fait ses preuves, un premier individu attire mon attention pendant qu'un second s'approche de moi sans que je l'aperçoive et libère une de mes poches de son contenu. Résultat : 35$ de moins. Grrrr....

Mais après deux bonnes bières brunes "Cusquena malta" et un "ceviche" ( poisson poché et cuit dans le jus de citron et épices, et servi avec oignons, yuca et blé d'inde), un plat que je n'avais encore jamais goûté, je me suis dit que ce devait être ma contribution à plus pauvres que moi.

Et je me suis senti mieux !!!

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