mercredi, mai 10, 2006

Jonquière, Québec
L'Île de Pâques...des Moai à l'"Homme-Oiseau" (2)



La période classique...l'ère des Ahu-Moai (800-1680 ap. JC)...

Pendant près de 800 ans, se développa dans l'île une culture tout à fait
originale et qui, sur bien des plans, demeure, encore aujourd'hui, bien mystérieuse pour les chercheurs : ces immenses statues qu'on retrouve dans l'île, que représentaient-elles ? comment les fabriquait-on? comment les transportait-on? comment les érigeait-on sur les Ahu (plateforme de pierres) ?

D'après nos connaissances actuelles, chaque tribu se subdivisait en familles-clans, et ce sont elles qui commandaient la fabrication et l'érection de ces statues. Elles représentaient des gens importants du clan. La grandeur de la statue était une façon pour le clan de manifester sa puissance.

Chaque statue avait donc un nom, d'où la diversité des statues, même si elles ont plusieurs points en commun : "nez long et retroussé, pommettes saillantes, lèvres fines et unies, menton pointu et proéminent, oreilles longues". Certaines des statues ont un genre de chapeau (pukao) : ce serait un chignon, une coiffure que les hommes des temps anciens aimaient porter.


Certaines ont des symboles dessinés dans le dos.
Il y a une autre statue, une seule, agenouillée et les mains sur les cuisses qui a été trouvée sur le site de la "manufacture" de statues.










On les sculptait dans le tuf volcanique (95 % des statues) sur les pentes du volcan Rano
Raraku. La fabrication pouvait durer jusqu'à 15-18 mois. Voici, tel que reconstitué par les chercheurs, la façon dont on pouvait s'y prendre pour tailler ces statues parfois gigantesques :

"1. Le Moai est délimité dans la roche pour être taillé;
2. Le Moai eat taillé reposant sur une quille dans son dos qui le maintient à la roche maîtresse;
3. La quille est éliminée et le Moai glisse vers le bas du volcan;
4. Le Moai est placé dans un fossé du flanc du volcan pour terminer la taille du dos."


"Le guide du Musée Anthropologique P. Sebastian Englert"


On les transportait ensuite dans leur village, près de la côte, sur une distance parfois assez impressionnante : plus de 20 kilomètres. Encore là, concernant le transport de ces statues pesant plusieurs tonnes, diverses hypothèses ont été envisagées et expérimentées par différents chercheurs...laquelle est la bonne ? Mystère !

On les érigeait alors sur un Ahu considéré comme sacré, dos à la mer et face au village, car les Moai étaient là pour protéger les membres du clan. Avant de les mettre debout, on introduisait dans l'orbite des yeux un corail blanc et l'iris de l'oeil était fait avec une pierre volcanique. Et
devant l'Ahu, une place publique servait aux cérémonies religieuses.

On a retrouvé sur l'île jusqu'à présent 887 Moai dont 288 ont été transportés et érigés sur un Ahu. La hauteur d'un Moai moyen est d'environ 4 mètres et son poids est de 12,5 tonnes. Le Moai le plus grand se trouve à la carrière de Rano Raraku
, mesure 21,60 mtres et pèse entre 160-182 tonnes, le plus petit mesure 1,3 mètres.

Sur le "site de la fabrique" des statues, on peut compter q
uelques 397 Moai inachevés, un véritable cimetière.











La guerre des clans...l'ère de l'"Homme-Oiseau" (1680-1864 ap. JC)...

Dès le début, les fils ou petit-fils du premier roi, Hotu Matu'a, furent à l'origine des tribus (mata) qui formèrent la société. À ces tribus, s'ajoutèrent celles venues de la deuxième vague d'immigration. Le pouvoir et les ressources de l'île furent pendant très longtemps entre les mains de la tribu de Miru, l'un des fils ou petit-fils de Hotu Matu'a, ce qui créa une vive insatisfaction.

Durant près de deux siècles, des luttes entre tribus et entre clans familiaux eurent donc lieu pour l'acquisition du pouvoir. Étant donné l'importance que revêtaient les Moai pour les clans, la destruction de ces statues ou leur renversemebt des Ahu fut donc un des moyens utilisé par les guerriers pour atteindre les familles.

Pour mettre fin à ces conflits suicidaires et permettre à différents clans de participer au pouvoir, une nouvelle stratégie fut développée sur l'île. C'est ainsi que se développa peu à peu le culte de l'"Homme-Oiseau" (Tangata Manu).

Au mois de juillet de chaque année, chaque clan se choisissait un représentant qui devait se rendre à Orongo, un village cérémoniel dans le sud-ouest de l'île, situé, d'un côté, sur les bords du volcan Ranau Kui et de l'autre, au-dessus d'une mer tumultueuse.

Au pieds de cette pointe fort escarpée, se dressent trois motu (ilôts). Le plus grand et le plus éloigné accueille à chaque mois de septembre les sternes qui viennent y nicher. L'épreuve consistait, pour les concurrents, à se rendre à la nage sur cet ilôt et de ramener le premier oeuf pondu par les sternes. Et tous les coups étaient permis. Celui qui avait le premier oeuf devenait, pour un an, le roi de l'île, et son clan pouvait ainsi participer au pouvoir.

La dernière cérémonie eut lieu en 1866.

Le site d'Orongo a été partiellement restauré ces dernières années.

(à suivre)

Aucun commentaire: