Ushuaia, Argentine
Une semaine "al Fin Del Mundo"...la Terre de Feu !



Je ne savais pas trop si ce serait ici que je m'arrêterais un peu plus longtemps, après ces quelques deux mois et demi que je roule ma bosse...mais après ma première soirée à Rio Grande, j'étais convaincu que ce serait dans l'île de la Terre de Feu que ça se passerait. Une arrivée en Argentine qui confirmait mes premières expériences à Bariloche, à savoir la gentillesse et la joie de vivre des argentins...et ça a continué de se vérifier à Ushuaia à l'hôtel qu'une québécoise de La Baie m'avait recommandé, le Yakush.

À Rio Grande, c'est dans un petit hôtel tenu par une dame des plus accueillante, l'hôtel Argentina (le premier hôtel de Rio Grande au début de 1900), que la séduction s'est opérée. Dès mon arrivée vers la fin de l'après-midi, celle-ci m'offre tisane et gâteau et fait les réservations nécessaires pour mon bus du lendemain. Et, le soir venu, à ses quelques 10 pensionnaires assis autour de la table et racontant qui son pays d'origine, qui son voyage, elle apporte sur la table un grand bocal de verre contenant du rhum et morceaux de fruits qui y ont fermenté et qu'on doit aller pêcher avec un hameçon...plaisir, rigolades et effets d'alcool certains...une première nuit plutôt écourtée, mais combien reposante. Je compte bien m'y arrêter de nouveau en remontant vers le nord. Et le lendemain matin, c'est le départ vers Ushuaia, au sud de l'île.

Car la Terre de Feu, c'est d'abord une île. Son nom lui vient du fait que ses premiers habitants, au moment de l'arrivée des européens dans les années 1880, y vivaient presques nus, malgré la dureté des conditions climatiques, mais transportaient constamment avec eux leur feu, même dans leur canoé. Ce peuple, comme bien d'autres avant eux dans les Amériques, devait disparaître très rapidement, en l'espace d'une trentaine d'années à peine. Ils furent remplacés par les criminels argentins, car Ushuaia servit d'abord dans les années 1890-1947 comme lieu d'incarcéraltion et comme garnison militaire, comme Punta Arenas au Chili.

L'île est bordée au nord et à l'ouest par le Détroit de Magellan, à l'est par l'Océan Atlantique qu'on appelle ici la "Mar Argentino", et au sud, par le Canal Beagle, en souvenir du passage de Darwin dans cette région afin d'y effectuer ses recherches qui l'amèneront à formuler son hypothèse de l'évolution des espèces. Elle est partagée entre le Chili et l'Argentine, mais sa partie habitée est argentine. Ses trois principales villes sont Rio Grande (60 000 habitants), Tolhuin (2 000) et la capitale, Ushuaia (60 000). Ushuaia est considérée comme la ville la plus au sud du monde, d'où le titre qu'elle s'est attribué, "El Fin del Mundo". Ushuaia est située à près de 18 900 kilomètres de l'Alaska et 3100 kilomètres de Buenos Aires.

Ushuaia la ville aux centaines d'escaliers et aux milliers de marches...

Jusqu'à environ 150 kms de Ushuaia, c'est le paysage désolé de la pampa qui continue de s'offrir à nous, puis à partir de Tolhuin et du lac Fagnano, voilà que tout change. Apparaît une chaîne de montagnes avec des sommets enneigés. On y circulera dans ses plaines et on y montera aussi jusqu'à son col. Et, dans l'autre versant, Ushuaia nous apparaît, coincée entre le canal Beagle et la Chaîne de montagnes avec son glacier "Martial". Ushaia s'est donc bâtie en étages dans la pente de la montagne. Par contre, chaque rue est/ouest offre un terrain plat où il fait bon se promener. Peu importe où se dirigent nos regards, une montagne est offerte à notre plaisir. Plus près, au nord et à l'est, les montagnes qu'on dirait pouvoir toucher sont argentines, et plus loin au sud et à l'ouest, elles sont chiliennes. Et le port, Ushuaia étant le point de départ vers l'Antartique, nous offre un défilé permanent d'arrivées et de départs de yachts, de paquebots, de bateaux de croisières. Et comme pour nous faire penser qu'on est bien près du Pôle Sud, ce matin les montagnes avaient blanchi durant la nuit.

Et à la vie culturelle des plus animée...

Et de plus, une ville qui, ces dernières années, s'est beaucoup développée grâce à l'arrivée de touristes de plus en plus nombreux. Une vie culturelle donc très dynamique : des restaurants en abondance et avec des menus des plus variés (une immense différence avec la cuisine plutôt redondante du Chili), une panoplie de bars pour tous les goûts, des activités de toutes sortes, dont les musées, les activités de plein air au Parc National dela Terre de Feu, ou au Glacier Martial, ou à l'estancia (ranch) Haberton, etc.

Et la musique...depuis une semaine, j'ai pu assister à un éventail de musiques traditionnelles argentines lors de la "Fiesta de la Cerveza" ou "Fête de la Bière", à un récital de musique celtique à l'ancienne prison devenue musée, à un spectacle de musique d'Égypte dans un bar de la ville, et à la prestation d'un groupe de jeunes passionné de tango à l'hôtel. Pour une semaine...c'est assez chargé, n'est-ce pas ?

C'est pour tout cela que ma semaine à la Terre de Feu s'est déroulée à une vitesse vertigineuse... Et j'ai encore plus le goût de repartir à la découverte de l'Argentine et des argentins. Un peuple de bons vivants, il me semble !

Ce sera pour dimanche matin, avec un nouvel arrêt de courtoisie à l'Hôtel Argentina pour en saluer la propriétaire et la remercier de nouveau.